Nous vivons dans une société où tout va vite et dans laquelle il faut s’accrocher en cas de stress… Notre rythme de vie ne nous laisse que peu de répit au quotidien et même après une bonne nuit de sommeil, c’est reparti !!!
Et notre chien dans cette vie souvent à 100 à l’heure ???
Le chien est un mammifère dont l’apprentissage est régi par les mêmes lois que pour nous. En parallèle, il ressent le froid, la chaleur, la douleur, le bien-être et des émotions, tout comme nous. Le chien est victime du stress tout comme nous. Je dirais même qu’il se trouve tout au bout de la chaîne du stress…
Le bien-être émotionnel d’un chien dépend de l’environnement dans lequel il vit, des interactions qu’il en son sein avec les humains, ses congénères, les chats, le passage des bus, des joggers, … .Son bien-être passe également par la satisfaction de ses besoins fondamentaux. Pour rappel, ces derniers sont les besoins physiologiques, respirer, manger, boire, dormir, évacuer. Les besoins de dépenses physiques et cognitives qui sont à titre d’exemples bouger, courir, gambader, apprendre l’autocontrôle, à accepter de ne pas obtenir, utiliser sa truffe pour prendre ses odeurs, trouver des solutions quand c’est nécessaire (« comment atteindre ma balle sous le canapé ? »). Le chien fait partie d’un groupe social et il a donc besoin de croiser, de communiquer, de jouer, voire de vivre avec un ou plusieurs congénères. Ses relations doivent être saines et équilibrés avec les autres chiens comme avec les humains avec qui il vit et qu’il rencontre. Il a enfin besoin de mastiquer ; au-delà du besoin de faire ses dents chez le chiot, un chien a besoin de mastiquer tout au long de sa vie car il évacue, notamment, de cette façon son stress. Le bien-être émotionnel d’un chien dépend également de son éducation et des expériences qu’il a fait depuis sa naissance, avec plus ou moins de succès.
J’ai pour habitude de demander aux humains, propriétaires de chien(s) dont je m’occupe, si leur réaction, dans une situation quotidienne quelle qu’est soit, est toujours la même qu’ils aient mal à tête ou non. La question peut surprendre… Je précise alors ma question par « Combien de temps pouvez-vous supporter un bruit stressant, un coup de klaxon par exemple, avant de vous énerver quand vous êtes en forme et quand vous avez mal à la tête ? ». Les deux délais de tolérance sont régulièrement différents. Quand on a mal à la tête, notre seuil de tolérance face à un facteur de stress est toujours plus faible que lorsqu’on se sent en pleine forme. J’explique alors à l’humain avec qui je travaille que c’est le même principe qui s’applique pour son chien !
J’appelle ça la « fenêtre de tolérance ».
Que votre chien ait mal dormi la nuit dernière ou qu’il n’ait pas la possibilité d’avoir, ne serait-ce qu’un, de ses besoins fondamentaux satisfaits ou qu’il ait mal quelque part ou qu’il soit plus ou moins sensibilisé à un ou plusieurs éléments autour de lui ou qu’il sente plus ou moins fortement le stress d’humain(s), le chien sera plus ou moins tolérant quand il se trouvera en interaction avec un facteur de stress.
Prenons un exemple : Votre chien coure après les joggers et / ou les vélos. Vous vous baladez tranquillement et soudain un jogger arrive près de vous. Plus longtemps le chien aura vu le jogger et / ou plus le jogger passera près du chien, plus le chien sera sorti de sa fenêtre de tolérance. Partons du principe que ce chien est capable de voir un jogger pendant 5 secondes à une distance de 10 mètres sans bouger et capable de répondre favorablement au rappel de son humain. 5 secondes et 10 mètres de distance, c’est la fenêtre de tolérance de ce chien. Manque de chance, le jogger a été vu par votre chien 6 secondes et il est passé à 5 mètres de vous. Cette infortune a fait sortir le chien de sa fenêtre de tolérance. En d’autres mots, le chien n’était plus en situation de réussite, il n’était donc plus capable d’obéir. Un humain, d’autant plus s’il a mal à la tête, qui entend un coup de klaxon trop fort et / ou trop longtemps va s’énerver en criant, en hurlant, en pleurant, … . Sa fenêtre de tolérance n’aura pas été respectée.
Le concept de « fenêtre de tolérance » s’applique pour tous les comportements gênants d’un chien. Trop de voitures qui passent devant le portail, un chat qui passe trop vite, une allée de parc trop étroite pour que deux chiens s’y croisent, un humain qui passe trop près d’un chien en train de manger, un vélo qui passe trop vite, trop près et / ou qui débarque en plus de nulle part… . Autant de situations dans laquelle un chien peut se retrouver alors qu’il n’est plus être en mesure de la tolérer.
A partir du moment où un chien s’est déclenché, c’est-à-dire qu’il a proposé un comportement gênant, c’est trop tard ! Pour travailler votre chien, vous n’avez alors plus d’autres choix que d’attendre que la pression retombe… Mettre le chien en situation de réussite est la seule voie pour faire progresser un chien tout en respectant son bien-être émotionnel.
Respecter la fenêtre de tolérance de votre chien, c’est le respecter pour mieux vivre ensemble !
Nathalie CARPENTIER-LAUVERJAT, Diplômée d’Etat, Coach en éducation canine positive et comportements canins – SAS TRUFFINADE